PROPOSITION ENSEIGNEMENT L3-S5 - TRANSFORMER L’EXISTANT
Laurent GILSON – Simon RODRIGUEZ PAGES
Une présentation vidéo est consultable à cette adresse
PREGNANCE DES TYPES (1)
PREAMBULE
Cinq années pour former un étudiant renvoie inévitablement à un arbitrage du temps. L’objectif prioritaire, pour nous, reste celui de l’acquisition de méthodes de travail dont les grandes mutations de notre époque (environnementale ou numérique) restent à nos yeux des dimensions essentielles mais non suffisantes.
Nous souhaitons donc que la thématique « transformer l’existant » soit une exploration de la dimension patrimoniale où la notion d’existant permet à l’étudiant d’accéder aux enjeux compositionnels de l’architecture.
La licence est plus que jamais le temps d’un apprentissage (d’autant plus important que l’étudiant peut venir à changer de parcours), où les mécanismes du projet doivent pouvoir être acquis en toute conscience des environnements, historique, social, mais aussi disciplinaire.
L’architecture dispose d’outils et de méthodes de travail qui lui sont propres et qui en font une discipline. Vouloir former des étudiants qui pensent « circulaire » suppose avant tout des étudiants ayant compris l’essence de leur discipline ; le sens de la responsabilité sociale devant s’acquérir essentiellement par la manipulation, éventuellement savante. En effet comment penser économie, si l’étudiant ne sait pas penser compact, comment penser densité si l’étudiant ne sait pas penser de l’intérieur ?
Notre éducation reste centrée sur les mécanismes qui allient la pensée au visible, comment naît une idée en architecture, comment elle se structure, comment elle est à même d’induire l’hétérogénéité des données. Il faut donc que l’étudiant puisse comprendre ce que sous-tend une forme. Il lui faut reconnaître les figures sous-jacentes qui structurent tout objet qu’il soit physique ou conceptuel, afin de la dispenser en toute conscience dans son environnement.
Il faut en outre confronter les étudiants aux thématiques spécifiques de l’architecture :
Gravité/Lumière, Unité/Répétition, Profondeur/Mouvement.
Ces couples de mots ne sont pas anodins, ils renvoient à des textes importants, parmi lesquels ceux de Paolo AMALDI récemment arrivé dans notre école et dont nous souhaitons qu’il soit associé à notre enseignement en qualité d’historien.
PROPOSITION D’ENSEIGNEMENT
OBJECTIF
L’idée de croiser le champ de l’histoire sera pour nous l’occasion de nous focaliser sur la notion de type. Les types architecturaux émanent de notre effort pour rendre reconnaissable, intelligible, la structure profonde du monde. Nous pensons comme KUBLER qu’il existe des « formes du temps » et qu’il est important de reconnaître « des « objets premiers », des solutions formelles récurrentes à des problèmes qui restent toujours les mêmes, la création d’artefacts » (1)
Par type nous entendons la définition que donne Carlos MARTI ARIS :
« UN TYPE ARCHITECTONIQUE EST UN CONCEPT QUI DECRIT UNE STRUCTURE FORMELLE »
Cette définition implique, selon Carlos MARTI ARIS, trois corollaires d’une importance capitale, à savoir :
- Le type est de nature conceptuelle : il englobe une famille d’objets qui possèdent tous la même condition essentielle mais qui ne correspond avec aucun d’eux en particulier ;
- Le type comporte une description par lequel il est possible de reconnaître les objets qui le constitue : c’est un énoncé logique qui s’identifie avec la forme des dits objets ;
- Le type se réfère à la structure formelle (spatiale, ossature) : les phénomènes d’expressivité (caractère) de l’architecture ne lui incombent pas ; nous parlons de type dès le moment que nous reconnaissons l’existence de « similitudes structurelles » entre certains objets architectoniques.
En cela ils permettent la compréhension de ce qui existe et doit être transformé.
Le travail proposé à l’étudiant veillera à contribuer à l’élaboration d’une théorie du projet dans laquelle le concept de type ne se conçoit pas comme un simple mécanisme reproducteur mais comme une structure de la forme capable de nombreux développements. Le concept de type sera donc convoqué non seulement pour analyser et comprendre l’existant mais pour également être le support de l’acte inductif qu’est le projet, de création ou de transformation, lorsqu’il rapproche des éléments aussi hétérogènes que sont : un environnement, un site, un édifice, un programme, une matérialité.
Nous serons donc en lien étroit avec des enseignements d’histoire ou de théorie qui se concentrent sur la question particulière du type. Par exemple en montrant comment les rapports du plan basilical directionnel, ont pu être métissé avec le plan centré pour arriver au plan en croix des églises médiévales, comment l’enseignement de Durand a marqué un point d’inflexion par rapport au savoir traditionnel, en introduisant la composition comme instrument de projet. Ou encore comment les nouveaux paradigmes de la construction ont généré de nouvelles approches typologiques.