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DE 4 : Figures du possible #2 - Julien Broussart, David Dottelonde

Semestre 8

Enseignant(s) : David Dottelonde, Julien Broussart

  • Année : 4
  • Semestre : 8
  • E.C.T.S : 13
  • Coefficient : 5,00
  • Compensable : non
  • Stage : non
  • Session de rattrapage : non
  • Mode : option
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

'Mutations'

Du territoire à l’édifice

 

 

L’heure est aujourd’hui à la transformation des édifices existants et à la mutation des territoires urbanisés : la densification de la ville y pousse, la réflexion sur la durabilité y conduit. A la fois sociale et environnementale, l’urgence est double : il y a nécessité d’équiper la ville et d’augmenter l’offre en logements, notamment dans les territoires les plus tendus ; tout en réduisant l’extension urbaine et l’artificialisation des terres , malgré la pénurie de foncier.

 

La transformation, par le changement d’usage d’édifices arrivés au terme de leur cycle de vie, ou dont la fonction est désormais obsolète, offre alors une réelle alternative à la production de constructions neuves. Le terme de mutation, plus large, permet quant à lui d’aborder non seulement la transformation des formes habitées, mais aussi l’évolution de leurs programmes, et, à l’échelle urbaine, celle des structures organisationnelles des villes et des territoires dont nous héritons.

 

Il ne s’agit ainsi plus d’étendre la ville, mais bien de la « réparer », de faire sur et avec le déjà-là, pour l’équiper, et inventer de nouvelles manières de l’habiter. Et si les territoires issus de la mondialisation sont bien souvent homogénéisés, ils comptent encore des interstices ou intervalles prêtes à être occupées. Ce sont ces « blancs de la carte » que nous proposons d’explorer ce semestre, en particulier leur potentiel à devenir, à titre expérimental, l'illustration d'autres modes de production, de programmes ou d’environnements construits.

 

Il nous faudra pour cela en prendre la mesure, et éprouver leur capacité à être transformées – qu’il s’agisse d’édifices remarquables, d’enclaves, de délaissés urbains, mais aussi de formes bâties plus ordinaires. Ainsi la reconquête d’emprises industrielles, la réhabilitation des grands ensembles, la densification du tissu pavillonnaire ou encore la transformation de bureaux vacants en logements constitueront autant de terrains d’exploration possibles, que nous vous inviterons à documenter, les uns et les autres, de manière complémentaire.

 

Si ces différentes stratégies d’intervention relèvent en partie du domaine de l’habitat, elles impliqueront aussi, nécessairement, de penser les équipements qui leur seront associés. Ce semestre de S8 propose ainsi de s’intéresser à la fois au potentiel d’habitabilité des espaces bâtis, mais aussi à la dimension publique du projet de transformation, en développant des programmes mixtes qui pourront hybrider habitat et équipement.

Contenu

Méthode et modalités de l’enseignement :

 

 

- Penser le projet à partir de l’exploration du territoire

 

Notre démarche consiste à partir de l’appréhension de l’échelle du territoire, pour arriver à celle de l’édifice. Il s’agira de partir d’un site urbain constitué, situé en première couronne parisienne – le terrain d’étude sera commun à tout l’atelier – pour y repérer de potentiels sites d’intervention, et y élaborer des stratégies de projet adaptées à l’échelle de l’édifice.

Le semestre commence donc par un travail d’arpentage et d’investigation d’un quartier, afin d’appréhender les lieux et d’envisager le projet à l’échelle de la ville, de ses habitants, des usages et des temporalités. Notre prise en compte du « déjà-là » dépasse ici le cadre bâti, et considère plus largement l’humain : habitants, associations et autres acteurs de l’aménagement urbain, favorisant des approches bottom-up et non pas top-down. Ce premier temps d’investigation, mené en petits groupes par les étudiant.e.s, permet la compréhension des sites de projet pour en faire le relevé, afin d’être ensuite à même d’en imaginer la transformation. L’objectif de cette démarche est d’aller « au contact » pour proposer une architecture de sens pour son territoire d’accueil.

Le premier ancrage proposé est ainsi celui du contexte : les projets des étudiant·e·s s’inscrivent dans le réel et dans un rapport au présent. Il ne s’agit donc pas de répondre à une commande donnée, qui aurait été formulée préalablement, mais plutôt d’inviter les étudiant.e.s à explorer et à enquêter, pour proposer des sites et développer des hypothèses programmatiques qui leur sont propres. L’enseignement s’attache ainsi à la dimension politique inerrante à la pratique de l'architecture, en laissant le soin aux étudiant·e·s de répondre à la question posée, avec leurs propres convictions.

 

 

 

- A l’échelle de l’édifice, poser la question constructive : entre pérennité et adaptabilité

 

A l’échelle du bâti, la méthode proposée consiste à envisager la structure des édifices comme matière même du projet, dans un souci de pérennité et d’adaptabilité, pour poser à la fois la question constructive et celle de l’économie de moyens.

La phase de diagnostic est ainsi déterminante : il ne s’agit pas de s’obstiner à « forcer » un bâtiment dont la transformation requerrait tant d’énergie qu’elle pourrait se révéler absurde, mais au contraire, d’identifier les atouts de l’édifice, et en particulier de sa structure : l’épaisseur du bâti, le dimensionnement des trames, la hauteur libre sous plafond et, bien sûr, la qualité des matériaux. Car c’est bien le système structurel d’origine qui permet, ou non, la réversibilité des bâtiments, jusqu’à devenir, parfois, un véritable levier de projet.

L’objectif est alors pour les étudiant.e.s de proposer des stratégies de projet pertinentes et adaptées, poursuivant la logique structurelle de l’édifice ou, au contraire, qui parviennent à s’en affranchir : par l’évidement ou la soustraction, par l’addition ou l’extension, ou encore par la surélévation. Il s’agira, à chaque fois, de s’appuyer sur l’existant pour réinventer de nouvelles architectures.

 

 

 

- Valoriser le projet à la fois comme « processus ouvert » et comme « acte de création »

 

L’atelier de projet favorise enfin l’engagement et les prises de position critiques, en demandant aux étudiant.e.s une attitude prospective et de recherche.

Il s’agit de considérer le projet comme la base d’un processus ouvert questionnant la temporalité d’un édifice et sa capacité à se transformer ; à favoriser la mutualisation des structures (préexistantes ou non) comme la réversibilité des usages ; à anticiper la versatilité de la commande comme celle de la destination ; au regard de la permanence des formes, des structures et des matériaux. L’économie (des ressources, de la matière, de la mise en œuvre) et le temps (temporalités d’usages, de phasage, cycle de vie des édifices) constituent autant d’éléments qui pourront être intégrés au processus de projet – l’objectif étant d’engager une réflexion plus large sur la notion de durable.

Par cette approche, nous tenterons d’interroger les modes de production de l’architecture, pour imaginer, par le projet, des alternatives au système productif contemporain.

 

 

 

Calendrier :

 

Le semestre est divisé en trois temps :

- Un premier temps d’investigation du terrain d’étude commun à tout l’atelier, pour le repérage des sites potentiels d’intervention, l’analyse des édifices qui le constituent, et que l’on envisage de transformer, de compléter. Ce premier temps sera l’occasion d’un travail de relevé, en dessin et en maquette ; et de propositions de stratégies d’interventions à partir de la compréhension des existants.

- Un second temps d’expérimentation et d’élaboration du projet, pour inviter les étudiant.e.s à formuler et tester leurs intentions de projet, pour être à même de les interroger, et de les réajuster. Ce second temps privilégie la manipulation en maquette, le collage et le dessin.

- Enfin un troisième temps de développement et de finalisation du projet, pour l’approfondir et imaginer les principaux détails de mise en œuvre.

 

Chaque séquence se terminera par un rendu intermédiaire, où seront invitées des personnalités extérieures, afin de croiser les regards sur les projets des étudiant.e.s.

 

Les séances encadrées auront lieu le mardi ou le mercredi.

Selon les besoins, certains vendredi après-midi seront également encadrés.

Travaux

Travaux individuels ou en binômes selon le nombre d’étudiant.e.s inscrit.e.s

Documents graphiques, maquettes et textes

Livret de synthèse disponible deux jours avant le rendu intermédiaire et de fin de semestre

Présentation orale et argumentation

Bibliographie

Ouvrages

 

CHOAY Françoise, L’allégorie du patrimoine, Paris, Seuil, 1992

CHRIST Emanuel et GANTENBEIN Christoph, Typology II et III, Park books, 2012-2015

DARMON Olivier, Ré:Habiter. Réutiliser, Transformer, Expérimenter, Éditions Gallimard, Paris, 2021

DELLA CASA Francesco, La friche de la Belle de Mai, Actes Sud, l’Impensé, 2013

DEPLAZES Andrea, Construire l’architecture, du matériau brut à l’édifice, Birkhaüser, Berlin, 2008

FEVRE Anne-Marie, CASTANY Laurence, VAN HEEMS François, Le Channel, Actes Sud, janvier 2008

LUCAN Jacques, Composition, non-composition : Architecture et théories, XIX-XXe s., Lausanne, 2009

LUCAN Jacques, Précisions sur un état présent de l’architecture, PPUR, Lausanne, 2015

CORNOZ André, Le territoire comme palimpseste et autres essais, 1983

FROMONOT Françoise, « Manières de classer l’urbanisme », Criticat, n°8, 2011

KOOLHAAS Rem, « What ever happened to urbanism? », S, M, L, XL, 1994

MAROT Sébastien, L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, Éditions de la Villette, Paris, 2010

ROSSI Aldo, L’architecture de la ville, 1966

SECCHI Bernardo, Première leçon d’urbanisme, 2000

 

 

Expositions, conférences

 

Un bâtiment, combien de vies ? La transformation, comme acte de création, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, 2015

Lieux Infinis, catalogue de l’exposition, Biennale d’architecture de Venise, 2018

Transformer : interventions architecturales sur l’existant, Assises nationales des écoles nationales supérieures d’architecture et de l’école de Chaillot, 4 et 5 février 2021

 

 

Publications, revues

 

NAMIAS Olivier, « Le patrimoine du XXe siècle au troisième millénaire », D’A, n°215, 2013

QUINTON Maryse, « Transformer les bureaux en logements », D’A, n°294, 2021

RUBIN Patrick, Transformation des situations construites, Canal architecture, Paris, 2020

Réhabilitation | Transformation, ‘AA’, n°407, juin 2015

Transformaciones. The Second Life of Buildings, AV, n°148

Patrimonio moderno, AV, n°175

Industrial Heritage, reinventing Europe : from Portugal to Poland, AV, n°182