Habiter et construire autrement
L’habitat est un sujet central dans la crise écologique et sociale actuelle. La réalité dramatique des sans-abris et des millions de personnes en situation de mal logement rencontre celle d’une vacance persistante depuis des dizaines d’année ainsi que la dégradation progressive des qualités spatiales (surface et agencement) et de confort (lumière, climat, ambiance) des logements devenus un produit bancaire. Les impératifs de la construction durable et de la sobriété énergétique ouvrent la perspective de « retrouver » et « d’imaginer » un habitat confortable et désirable pour tous, dans le cadre de la transformation du bâti existant ou dans celui de la construction neuve. Les expériences étrangères reconnues innovantes dans le domaine de l’habitat (cette année Amsterdam et Zurich) constituent un support dynamique et ludique pour renouveler la conception des logements, pour habiter et construire autrement.
Ce semestre de S8 propose une réflexion croisée sur la notion d’» habiter » collectivement et sur la dimension constructive de l’architecture dans la perspective de la société post carbone. L’exercice de projet croise donc une dimension typologique et une dimension constructive dans le cadre du logement coopératif. Il a pour objet l’exploration de la capacité des architectures de l’habitation collective à constituer une réponse aux mutations environnementales et sociétales, à contribuer à la transformation des villes vers un bilan écologique neutre : par leur dimension programmatique et typologiques, monumentale et domestique, matérielle et constructive, leur processus de fabrication et leur cycle de vie.
Habiter autrement : l’habitat coopératif comme corpus typologique, Zurich et la 3ème voie
Avec le logement libre et le logement social, le logement coopératif dessine une troisième voie pour le logement dont le rôle est renforcé dans un contexte « intense » de maitrise foncière et de lutte contre l’artialisation des sols. L’habitat coopératif est devenu dans le contexte Zurichois un laboratoire de la société post industrielle avec un champ très large d’innovation typologique (de la grande colocation au cluster associant petites unités individuelles avec des espaces partagés au « type » de cohabitation : un seul et grand appartement constitué de petites unités privatives et d’une grande cuisine et un séjour pour tous…) permettant à la fois de renouer avec des logements de très grande qualité mais aussi de contribuer à la mixité urbaine et sociale par l’intégration au sein des projets d’équipements, de services et de divers programmes communs.
Cette expérimentation a notamment conduit à épaissir les édifices qui s’organisent dans bien des cas autour d’un atrium (commun).
Construire autrement : une dimension technique et constructive dans la perspective écologique
Le déploiement de l’architecture bas carbone associe le recours à des matériaux à faible impact environnemental et la réduction des consommations, matérielles et énergétiques. Il en résulte l’obsolescence des modèles programmatiques usuels et la nécessité de requestionner les formes urbaines, les formes bâties en considérant les spécificités des sites, les savoir-faire, les ressources et le climat. L’atelier propose ainsi d’explorer les filiations, les types et les formes d’architectures sobres en énergie.
Il est envisagé comme un lieu d’exploration, de production et de recherche par le projet. Les bio et géo-matériaux constituent l’une des entrées fondamentales de l’exercice de projet, considéré comme l’occasion d’une exploration typologique, constructive pour laquelle le recours à la maquette est privilégiée.
Le cadencement du semestre et le croisement des approches permettent de faire émerger les autres questions propres à la complexité architecturale : géographiques, urbaines, matérielles etc……et de comprendre le projet comme un ensemble de relation.
Faire la ville autrement
L’atelier se conclue par la réalisation d’un petit projet de logement coopératif (environ 20 logements) sur plusieurs terrains définis par les enseignants. Ces logements sont construits dans le cadre d’un processus de densification par renouvellement et de densification du tissu par fragments dans la ville qui ne s’étale plus (économie de l’espace), en limitant voire sans sol artificialisé supplémentaire à celui existant.
L’enseignement est articulé avec le séminaire intitulé « Habitat : Pratiques Usages Formes » coordonné par Yankel Filjakow.