Les orientations principales:
Densifier la ville pour préserver les sols naturels et terres agricoles des campagnes, c’est le nouveau paradoxe métropolitain pour répondre à l’accroissement des populations tout en luttant contre l’étalement urbain. Si, pour y remédier, certains architectes abordent la grande hauteur avec des tours verticales, d’autres privilégient des dispositifs urbains moins hauts, plus horizontaux mais à forte densité. « Arborescence et canopée » s’inscrit dans cette lignée de projets, issus à la fois des recherches sur l’immeuble villa, -dont ce serait la projection à plat-, et des travaux de Team X autour du concept de « mat building », qui explorent de nouveaux types urbains à l’instar de l’université libre de Berlin. Ce thème de la densité horizontale se retrouve d’ailleurs dans des expérimentations plus contemporaines avec le projet de Rem Koolhaas à Fukuoka ou celui d’Adriaan Geuze à Amsterdam…
Dans l’imaginaire des architectes, l’appellation « mat-building », -édifice en forme de tapis ou de nappe-, fait référence à des projets horizontaux, parfois hors sol, avec patios et clairières de lumière. Revisiter aujourd’hui cet archétype nous permet de conjuguer des espaces domestiques à taille humaine avec la densité que requiert l’architecture du grand nombre à l’heure des mégalopoles. Habiter des lieux à l’échelle de l’homme et en lien étroit avec la nature dans un espace métropolitain complexe et démesuré.
En pratique, il s’agira de travailler sur un projet de « faible hauteur à haute densité », associant dans une mixité programmatique : logements individuels groupés, jardins partagés et équipement de proximité dans un grand parc urbain habité… La mixité du programme permet d’accroître sensiblement la densité (en installant par exemple des logements au dessus un équipement public, « la ville sur la ville »). Cette mixité favorise également la vitalité de l’ensemble constitué à différentes heures du jour et des semaines par l’interactivité des modes d’occupation… Des endroits animés, des envers silencieux.
Naturellement, ce projet de « mat-building » suppose des typologies de logements adaptées (logements à cours, logements à patios, logements imbriqués, individuels et collectifs), des modes d’assemblages appropriés (types, répétition, séries) et un travail sur la structure (grille, tissu, trame) et un travail sur la matérialité.
Il s’agira aussi d’aborder la relation de l’homme à son environnement, la question du milieu, pour citer Augustin Berque dans Médiance, de (re)construire en ville un lien avec la nature. Ce thème, - la ville paysage ou le parc habité-, suppose une dimension environnernentale et climatique qui intègre les éléments et phénomènes naturel, le végétal et le vivant, dans une démarche soucieuse d’économie et de préservation des ressources.
« Canopée » renvoie à la cime d’une épaisseur végétale, à une ligne d’horizon, en relation forte avec le ciel.
Une cinquième façade d’un territoire habité de terrasses plantées et de jardins suspendus, reccueillant ou canalisant la pluie et les eaux de ruissellement.
« Arborescence » convoque l’image de l’arbre et de ses ramifications dans les trois dimensions. Cette forme de croissance propose un tissage de réseaux relationnels et de forces d’attraction dans l’espace et la temporalité. À l’inverse des gated communities anglo-saxonnes. Elle pose aussi la question de la limite et d’une intégration harmonieuse avec un contexte.
Au-delà, l’ambition du semestre est de manipuler tous les outils, toutes les échelles et tous les composants du projet, depuis la topographie du site jusqu’à l’expression des ambiances, des espaces collectifs aux « confins de l’intimité » dans un esprit de recherche motivé par le plaisir d’expérimenter...
NOTA: Une présentation illustrée de cet enseignement se trouve sur Teams (Présentation enseignement Master - DE1 A-LTO).