'Mutations'
Du territoire à l’édifice
L’heure est aujourd’hui à la transformation des édifices existants et à la mutation des territoires urbanisés : la densification de la ville y pousse, la réflexion sur la durabilité y conduit. A la fois sociale et environnementale, l’urgence est double : il y a nécessité d’équiper la ville et d’augmenter l’offre en logements, notamment dans les territoires les plus tendus ; tout en réduisant l’extension urbaine et l’artificialisation des terres , malgré la pénurie de foncier.
La transformation, par le changement d’usage d’édifices arrivés au terme de leur cycle de vie, ou dont la fonction est désormais obsolète, offre alors une réelle alternative à la production de constructions neuves. Le terme de mutation, plus large, permet quant à lui d’aborder non seulement la transformation des formes habitées, mais aussi l’évolution de leurs programmes, et, à l’échelle urbaine, celle des structures organisationnelles des villes et des territoires dont nous héritons.
Il ne s’agit ainsi plus d’étendre la ville, mais bien de la « réparer », de faire sur et avec le déjà-là, pour l’équiper, et inventer de nouvelles manières de l’habiter. Et si les territoires issus de la mondialisation sont bien souvent homogénéisés, ils comptent encore des interstices ou intervalles prêtes à être occupées. Ce sont ces « blancs de la carte » que nous proposons d’explorer ce semestre, en particulier leur potentiel à devenir, à titre expérimental, l'illustration d'autres modes de production, de programmes ou d’environnements construits.
Il nous faudra pour cela en prendre la mesure, et éprouver leur capacité à être transformées – qu’il s’agisse d’édifices remarquables, d’enclaves, de délaissés urbains, mais aussi de formes bâties plus ordinaires. Ainsi la reconquête d’emprises industrielles, la réhabilitation des grands ensembles, la densification du tissu pavillonnaire ou encore la transformation de bureaux vacants en logements constitueront autant de terrains d’exploration possibles, que nous vous inviterons à documenter, les uns et les autres, de manière complémentaire.
Si ces différentes stratégies d’intervention relèvent en partie du domaine de l’habitat, elles impliqueront aussi, nécessairement, de penser les équipements qui leur seront associés. Ce semestre de S8 propose ainsi de s’intéresser à la fois au potentiel d’habitabilité des espaces bâtis, mais aussi à la dimension publique du projet de transformation, en développant des programmes mixtes qui pourront hybrider habitat et équipement.